Conseil aux irrigants

Auteur de la fiche (Prénom, NOM, structure, email) : Sylvain Cédat (IRAM, s.cedat@iram-fr.org)
CoAuteur(s) de la fiche (Prénom, NOM, structure, email) : Christophe Rigourd (IRAM, c.rigoud@iram-fr.org), Philippe Deygout (IRAM, ph.deygout@iram-fr.org), Jean-Marie Brun(IRAM, jm.brun@iram-fr.org)
Noms des contributeurs (Prénom, NOM, structure, email) : Jean-François Kibler (GRET, kibler@gret.org), Frédéric Apollin (AVSF, f.apollin@avsf.org), Mostafa Errahj (ENA Meknes, merrahj@enameknes.ac.ma)
Défis du cadre stratégique : Accompagner le changement par l’innovation technique et les réformes institutionnelles
Aires géographiques concernées : Asie du Sud Est, Afrique Sub Saharienne, Maghreb et Méditerranée, Autres régions
Terrains concernés : Mali, Cambodge, Haïti, Maroc
Types de systèmes irrigués : Variables suivant les pays :
• Afrique Subsaharienne : Mali, Office du Niger : grand périmètre irrigué gravitaire (> 1000ha), rizicole/maraîchage
• Asie du Sud Est : Cambodge : moyens et grands périmètres irrigués, notamment parmi les membres de Farmer Water Net (Fédération des organisations d’irrigants) + quelques périmètres à identifiés soutenus par d’autres projets avec des approches méthodologiques du service différentes. A confirmer, possiblement Stung Chinit, Sdau Kaong, etc.
• Caraïbes : Haïti, Région du Sud-Est, petits à moyens périmètres gravitaires (max 200ha), polycultures
• Maghreb : Maroc, à déterminer.
Contexte et problématique : Relance du conseil agricole : La problématique de l’accompagnement des producteurs est ancienne et différentes approches ont été adoptées au fil des époques : i) animation rurale (années 1960-70) ; ii) vulgarisation agricole suivant l’approche Training &Visit (Banque Mondiale) (années 1970-80) ; iii) période de grande faiblesse des dispositifs à l’issue de l’abandon de l’approche T&V (années 1990) ; iv) relance du conseil agricole sous différentes formes (années 2000). Le conseil agricole et les politiques qui intègrent le conseil à l’exploitation familiale et ses organisations suscitent, ces dernières années, un regain d’intérêt au niveau des politiques agricoles et de l’aide au développement qui les appuie. Par ailleurs le conseil « non-étatique » (sous toutes ses formes : organisations professionnelles, fournisseurs d’intrants, bureaux d’études et ONG) se développe de plus en plus pour faire face à l’insuffisance des dispositifs de vulgarisation étatique. Ce conseil privé est par ailleurs souvent encouragé par l’Etat. L’enjeu actuel est donc souvent de réformer des dispositifs de conseil essentiellement étatiques et/ou de promouvoir des dispositifs de conseil émergents.
• Quelles tendances observe-t-on dans les mécanismes de « conseil aux agriculteurs » aujourd’hui ? Quels en sont les effets, impacts, viabilité… ?
• Quels dispositifs de conseil viables et efficaces, capables de répondre aux enjeux d’un développement agricole « durable » sous toutes ses dimensions (agroécologie, résilience) et de permettre aux agriculteurs / filières de développer des modes de production « durables » ?
Regain d’intérêt pour l’irrigation et nécessité du conseil aux irrigants : Suite à un certain désengagement des Etats et des bailleurs des zones irriguées, les irrigants ont dû assumer de nombreuses responsabilités, souvent au-delà de leurs capacités propres (financières, techniques, organisationnelles et institutionnelles). Les performances et la pérennité de nombreux aménagements sont faibles or les zones irriguées sont des zones à forts enjeux alimentaires, sociaux, économiques. On note actuellement un regain d’intérêt pour l’irrigation. Pourtant dans cette nouvelle dynamique, le conseil aux irrigants reste encore le plus souvent considéré comme une mesure d’accompagnement alors qu’il devrait être partie intégrante du développement de l’irrigation. L’enjeu est que le conseil aux irrigants soit partie intégrante du développement (ou du maintien) de l’irrigation.
• Comment élargir le champ d’intervention des structures de « conseil aux irrigants », de façon à renforcer les capacités des paysans et leur donner plus de voix dans la conception des projets d’irrigation, « en amont » ?
Intégration de services non seulement « techniques » mais aussi de services sur l’aval de la production (commercialisation, mise en relation entre producteurs et acheteurs, etc.).
• Pertinence / faisabilité de conjuguer ou faire se rencontrer de façon complémentaire les conseils / services aux agriculteurs dans 4 domaines :
o Conception des projets irrigation
o O&M dispositifs d’irrigation
o Développer des modes de production durables
o Commercialiser
Innover dans le conseil aux irrigants, pérenniser et changer d’échelle : La relance de l’irrigation et la relance du conseil Agricole se rejoignent donc sur la question du conseil aux irrigants. L’appui à l’émergence d’acteurs intermédiaires – ou le renforcement d’organisations existantes – comme structures de services est une voie intéressante pour accompagner durablement les irrigants. Pour autant il n’y a pas de modèle unique. L’expérience du projet ASIrri (2008-2012) au Cambodge, en Haïti et au Mali, a montré que la mise en place de dispositifs de services aux irrigants est un processus d’innovations institutionnelles adapté à chaque contexte : organisation paysanne de services d’appui-conseil au Mali, faîtière d’organisations d’irrigants internalisant et mutualisant un dispositif de services en Haïti, ou centre privé – émanation d’une équipe projet – ouvrant sa gouvernance aux paysans au Cambodge. L’enjeu pour ces dispositifs est leur pérennisation et leur changement d’échelle.
Cet enjeu suscite un certain nombre de questionnements :
• Quelle contribution des acteurs intermédiaires dans l’offre actuelle de services (les 4 domaines identifiés plus haut) aux paysans dans le pays, aujourd’hui ? (champ d’intervention sectoriel et géographique, pérennité, qualité / efficacité des services….)
• Quel potentiel / pertinence / faisabilité / modalités d’un « élargissement de la palette des services » offerts par les acteurs intermédiaires aux 4 domaines ?
• Quel potentiel / pertinence / faisabilité / modalités de « passage à l’échelle », de contribution des acteurs intermédiaires aux politiques publiques (conception, suivi, mise en œuvre) ?
Implication des acteurs de l'irrigation : Le sujet du conseil aux irrigants concerne en particulier :
• Les irrigants eux-mêmes au travers de leurs associations d’usagers ou de leurs organisations paysannes ;
• Les acteurs intermédiaires de services dans leur diversité (centres de services, organisations paysannes, ONG, bureaux d’études, etc.) ;
• Les services de l’Etat (souvent anciennement en charge de l’accompagnement des irrigants et/ou des infrastructures d’irrigation) ;
• Dans certains cas les collectivités territoriales ;
• Les bailleurs de fonds.
Objectifs de l'action (cibles, intérêts opérationnels, etc) : Objectif global : A partir d’une analyse comparée multi-pays (Cambodge, Haïti, Mali et Maroc), Apprécier et discuter la contribution actuelle et potentielle des acteurs intermédiaires dans l’offre de conseils / services aux irrigants.
Objectifs spécifiques :
• Faire un état des lieux comparé des dispositifs ASIrri de conseil aux irrigants dans trois pays (Mali, Cambodge, Haïti) 5 ans après la fin du projet. Où en est-on 5 ans après la fin du projet ? ou, les centres de services aux irrigants à l’épreuve du temps ?
• Compléter/enrichir cet état des lieux par une identification et analyses d’autres modèles expérimentés dans les mêmes pays (par exemple par le projet CAVAC au Cambodge).
• Etendre le questionnement des modèles de conseil aux irrigants au cas du Maroc.
• Tirer des leçons en termes de pérennisation des dispositifs de conseil et de changement d’échelle pour nourrir les réflexions des décideurs et pour formuler des interventions concrètes.
Contenus, moyens et calendrier à mettre en place : Méthodologie provisoire :



L’ensemble du processus peut être conduit sur une période de 6 mois.
Livrables : • Rapports d’auto-évaluation par pays (1 rapport / pays)
• Rapport d’évaluation comparée 4 pays ;
• Rapport de l’atelier final d’échange.
Budget détaillé : Budget indicatif :
https://framapic.org/hw8DvpQoWGrh/jaxVqNLuT7jA.png
Autres éléments nécessaires à la compréhension de ce chantier : Ce chantier permettrait de nourrir plusieurs autres initiatives en cours touchant à l’irrigation et/ou au conseil et augmentera donc le visibilité du COSTEA sur ce sujet :
• L’initiative irrigation au Sahel qui s’intéresse également à la question des services aux irrigants et dans lequel le COSTEA est impliqué ;
• Le GFRAS, Forum mondial pour le conseil rural ;
• Une initiative conjointe AFD – Inter-Réseaux – Iram sur le conseil Agricole et devant permettre à l’AFD de structurer des interventions sur le conseil Agricole (discussions en cours pour des actions en 2018).
Ce chantier se construit sur une expérience réussie de recherche-action menée conjointement par l’Iram, le GRET et AVSF pendant 4 ans (2008-2012) sur le sujet et dont les résultats ont été présentés au tout début du COSTEA. Ces actions avaient déjà été largement capitalisées à l’époque : http://www.innovations-irrigants.com/projet-asirri/index.html . De plus l’Iram entretien des relations étroites avec l’ENA-Meknès au Maroc ce qui va permettre d’étendre l’analyse à un autre contexte qui intéresse particulièrement le COSTEA.

Travaux antérieurs sur le sujet :
En particulier le projet ASIrri d’appui aux irrigants et aux services aux irrigants (2008-2012) mis en œuvre par IRAM-GRET-AVSF au Mali, Cambodge et Haïti sur un financement de l’AFD/FISONG.

Lien avec d’autres actions :
Ce chantier pourrait s’articuler avec deux autres chantiers proposés au COSTEA :
• Etude sur les approches participatives proposé par BRLi et Lisode ;
• Etude sur les dynamiques de changements des organisations proposé par BRLi.