"Innovation" en système irrigué

Auteur de la fiche (Prénom, NOM, structure, email) : Sylvain Cédat (IRAM)
CoAuteur(s) de la fiche (Prénom, NOM, structure, email) : Marcel Kuper (CIRAD), Tarik Hartani (ENSA Alger)
Noms des contributeurs (Prénom, NOM, structure, email) : AVSF, GRET
Défis du cadre stratégique : Renforcer la durabilité environnementale des agricultures irriguées , Contribuer au développement économique et social des territoires, Réduire les risques et augmenter la résilience de l’agriculture irriguée, Accompagner le changement par l’innovation technique et les réformes institutionnelles
Aires géographiques concernées : Asie du Sud Est, Afrique Sub Saharienne, Maghreb et Méditerranée, Autres régions
Terrains concernés : 1ères études de cas proposées en Algérie, au Maroc et en Mauritanie (ou Niger)
Types de systèmes irrigués : Terrains concernés :
les études de cas seront à définir sur la base des expériences du COSTEA et d’un inventaire des innovations en système irrigué : lien avec l’action proposée « Mise en place d’une plateforme de veille d’innovation dans le domaine de l’irrigation et du drainage» :
Pour la première année, trois études de cas sont d’ores et déjà identifiées :
- Algérie : essor du mini-pivot dans la région du Souf (suite à la présentation pendant les doctoriales à Hydro Gaïa)
- Mauritanie (éventuellement aussi le Niger) : essor du réseau californien pour la petite irrigation privée (Capitalisation du projet mené par l’agence de coopération espagnole (AECID) en Mauritanie : « Valorisation de l’irrigué pour la souveraineté alimentaire » : VISA).
- Maroc : émergence de l’irrigation solaire (suite à la discussion sur le nexus eau-énergie, discuté en COSTEA 1)
Contexte et problématique : L’innovation, qu’elle soit technico-économique ou sociale, est au cœur des processus de développement et constitue un des moteurs du développement économique des territoires. Elle est, au sens où nous l’entendons, le fruit d’une initiative collective locale résultant d’une réponse à une contrainte (adaptation/résilience) ou à une opportunité économique et a pour effet l’amélioration de la performance ou de la résilience du système de production. Elle peut ainsi prendre la forme d’une innovation technique ou sociale endogène à un territoire ou d’une appropriation/adaptation locale d’une technologie ou de bonnes pratiques exogènes.

Le développement de l’agriculture irriguée doit être abordé de manière systémique. Au-delà d’aménager des hectares irrigués, il est nécessaire de créer des conditions favorables au développement économique des territoires en créant de l’emploi rural (insertion professionnelle des jeunes, par exemple), en offrant du conseil et des services aux agriculteurs ainsi que les moyens de financer leurs campagnes, en valorisant les filières de production jusqu’à la commercialisation, mais aussi en améliorant les conditions de vie en milieu rural pour limiter l’exode rural et revaloriser le métier d’agriculteur.
Dans un contexte de développement de nouveaux périmètres irrigués avec une approche plus intégrée des processus socio-économiques et environnementaux, les conditions de performance et de pérennité des systèmes irrigués posent aujourd’hui question, que ce soit pour la grande irrigation ou pour la petite irrigation.
L’appui à l’innovation locale, souvent en lien avec des acteurs à d’autres échelles, apparait comme une approche « par l’aval » constituant un moyen intéressant d’appréhender les processus informels opérant dans un système et de trouver des leviers pour structurer et appuyer ces processus afin d’améliorer la performance du système tout en le pérennisant par le renforcement de sa résilience.
De plus, la capitalisation des processus vertueux d’innovation en système irrigué est une étape nécessaire pour systématiser la diffusion des « bonnes pratiques » - et éviter de reproduire les mêmes erreurs - sur d’autres territoires semblables, au-delà de la frontière des Etats. C’est notamment l’ambition de l’initiative irrigation sahel au travers son approche régionale.
Identifier, analyser et capitaliser les expériences fructueuses en matière d’innovation en système irrigué et analyser les facteurs de succès au plan technique, économique, social et environnemental et les conditions de durabilité peut ainsi contribuer à (1) constituer une base de connaissance disponible pour les acteurs opérationnels du domaine et (2) orienter les décideurs en matière d’approche efficiente pour le développement des systèmes irrigués.
Implication des acteurs de l'irrigation : Opérateurs de terrain : Organisations de producteurs, ONG et BET intervenant en système irrigué, etc.
Structures de conseil et de formation
Centres de recherche, établissements d’enseignement agronomique
PTF, institutions locales
Objectifs de l'action (cibles, intérêts opérationnels, etc) : L’action ambitionne à travers plusieurs études de cas de :
- Alimenter la réflexion collective sur une manière d’aborder les projets de développement en système irrigué, par une approche par l’aval : sous l’angle de l’innovation locale.
- Etablir un certain nombre de recommandations aux porteurs de projet et bailleurs de fond pour mieux appréhender les processus d’innovation en système irrigué afin d’adapter les logiques d’intervention pour une meilleure intégration de ces initiatives collectives souvent informelles et locales (intérêts d’appropriation et de pérennité des actions conduites par les projets), mais en forte interaction avec des processus plus globaux.
- Alimenter le projet l’Initiative Irrigation Sahel (2IS) qui base son approche sur des « solutions d’irrigation » capitalisant les expériences positives et les bonnes pratiques au Sahel.
- Servir de base pour d’autres études de cas ultérieures (diversité des contextes).
Contenus, moyens et calendrier à mettre en place : 3 phases :
1. Cadrage méthodologique
2. Etudes de cas
3. Synthèse et mise en commun

(1) Etape préalable aux études de cas : concevoir, à partir des expériences existantes au sein du COSTEA et de la littérature existante sur le sujet, une approche méthodologique pour l’analyse de l’innovation en système irrigué : sous les aspects techniques, économiques, sociaux, environnementaux.
(2) En première année, trois études de cas seront analysées :
- Essor du mini-pivot artisanal dans la région du Souf (Sahara algérien). L’expérience de la mise en place de pivot importé pour la production de céréales, à l’instar d’autres pays arides de la région (Libye, Arabie Saoudite) est généralement vu comme un échec. Pourtant, à partir de cette expérience un réseau socioprofessionnel dans la région du Souf a conçu et mis en place par un processus d’innovation incrémentale des pivots artisanaux irrigant la pomme de terre mais aussi d’autres cultures. La région est devenue le premier producteur de pommes de terre du pays (35% de la production nationale).
- Emergence de l’irrigation solaire dans le Tafilalet (Maroc). Le passage à l’irrigation sous pression (aspersion, goutte à goutte), en lien avec l’utilisation croissante de l’eau souterraine pompée, a considérablement accru l’utilisation de l’énergie pour l’irrigation. Dès lors, différents acteurs sont à la recherche de solutions peu coûteuses et durables pour assurer leur irrigation. L’irrigation à l’aide de systèmes solaires photovoltaïques est actuellement expérimentée par plusieurs irrigants, en particulier dans les régions (semi)arides. Plusieurs problèmes sont rencontrés (durée d’irrigation limitée ; puissance ; dimensionnement etc.) pour lesquels des solutions innovantes sont actuellement testées par les acteurs locaux. Par ailleurs, l’état marocain est en train de mettre en place des procédures de subvention de l’irrigation solaire.
Il est proposé d’affecter un stage de 6 mois par étude de cas. Cursus de stagiaire recherché : master 2 en géographie / agronomie –génie rural/ socio-anthropologie du développement / gestion sociale de l’eau. L’objectif est de tester l’approche méthodologique sur des études de cas pour lesquelles nous disposons déjà de références. En deuxième année, d’autres études de cas seront identifiées pour une analyse élargie et comparative (par exemple, sur la gestion des biens communs).
(3) Synthèse et valorisation des résultats à travers les COSTEA (rapport, plateforme web, vidéo)

Calendrier :
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Chaque stagiaire aura notamment pour mission de :
- Contextualiser l’étude de cas : contexte productif et commercial, contexte environnemental et social.
- Caractériser et documenter l’innovation étudiée
- Analyser les processus inhérents à l’innovation (aspects techniques, économiques, sociaux, environnementaux) et à sa diffusion. Le référentiel temporel sera adapté selon l’étude de cas.
- Evaluer les effets et impacts de l’innovation sur le système irrigué / sur le territoire (selon le choix de référentiel qui aura été choisi).
- Analyser ce qui aurait pu être amélioré en termes d’approche participative, aussi bien dans la conception que dans la mise en œuvre et le suivi.
- Tirer des enseignements et établir des recommandations pratiques pour mieux appréhender les processus inhérents aux innovations en système irrigué.

Un encadrement de chaque stagiaire sera prévu, à travers au moins 2 missions d’expert au cours de la durée du stage.
Livrables : Chaque stage résultera en :
• Un mémoire de stage reprenant les éléments de caractérisation et d’analyse des processus inhérents à l’innovation et à sa diffusion.
• Une fiche synthétique documentée et illustrée pour la plateforme de veille innovation.
• Une sélection de photos/vidéos/recueil d’interviews pour illustrer le travail réalisé.
• Des actions de dissémination des résultats auprès des acteurs locaux : ex : vernissage suivi d’un débat avec des agriculteurs et leurs partenaires, etc …

Une synthèse sera établie par la mise en commun des études de cas afin d’en tirer un certain nombre d’enseignements méthodologiques et opérationnels valorisables auprès des porteurs de projet à travers le réseau COSTEA.
NB : ce travail pourrait aussi faire l’objet d’un article scientifique destiné à être publié.

Proposition complémentaire : un film court (10-15min) de capitalisation pourrait être réalisé pour une meilleure valorisation de ce travail. Il reprendrait des éléments illustrés des différentes études de cas (séquences vidéo et interviews tournés lors des missions de suivi des stages) en vue de réaliser une synthèse et de mettre en lumière les enseignements tirés de ces études de cas. Ce film serait valorisable au sein du réseau COSTEA et alimenterait la plateforme innovation. Budget à prévoir : 15.000€ à 20.000€.
Budget détaillé : Cadrage méthodologique :
6 jours * 750€ = 4500€

Budget par étude de cas (stage de 6 mois) en première année :
Coût mensuel stagiaire (indemnité, logement) 1000€ x 6 mois = 6 000€
Vol A/R* 1 500 € x 2 = 3 000€
Divers mensuel (transport, interprète, etc.) 400 € x 6 = 2 400€
Total = 11 400€

Encadrement stagiaire :
Mission (2 * 6 jours) 750€ x 12 = 9 000€
Vol A/R 1 500€ x 2 = 3 000€
Hôtel + Perdiem (2 * 6 jours) 150€ x 12 = 1 800€
Temps bureau + appui technique (1 jours par mois) 750 x 6 = 4 500€
Total = 18 300€

NB : l’encadrement des stages pourrait être partagé avec des membres du COSTEA résidant dans les pays choisis, ceci afin de limiter les coûts et améliorer le suivi et l’appui des stagiaires.

Synthèse et mise en commun :
6 jours * 750€ = 4500€
Total d’environ 30k€ par étude de cas + 10k€ de cadrage méthodologique amont et synthèse avale/mise en commun
Option réalisation vidéo : 15 à 20k€
Autres éléments nécessaires à la compréhension de ce chantier : Quelques références :
- Pour l’étude de l’irrigation par pivot artisanal : Rebai, A. O., Hartani, T., Chabaca, M. N., & Kuper, M. (2017). Une innovation incrémentielle: la conception et la diffusion d'un pivot d'irrigation artisanal dans le Souf (Sahara algérien). Cahiers Agricultures, 26(3), 35005.
- Pour l’étude sur l’irrigation solaire : Closas, A., & Rap, E. (2017). Solar-based groundwater pumping for irrigation: Sustainability, policies, and limitations. Energy Policy, 104, 33-37.
- Pour le réseau californien : AECID (2011). Capitalisation d’expériences sur le mode d’irrigation par réseau californien
ARID/FAO/IWMI/PRACTICA (2010). Capitalisation d’expériences sur le développement de la petite irrigation privée pour des productions à haute valeur ajoutée en Afrique de l’Ouest