Prolongation de 9 mois du projet de recherche EFEO-AFD « Gouvernance et maîtrise des ressources en eau de Ph??c Hòa » (avril-décembre 2018)

Auteur de la fiche (Prénom, NOM, structure, email) : Olivier Tessier - EFEO, centre de Hô Chi Minh ville (olivier.tessier@efeo.net)
CoAuteur(s) de la fiche (Prénom, NOM, structure, email) : Mme. Huynh Thi Phuong Linh ? EFEO, centre de Hô Chi Minh ville, (huynhtplinh@gmail.com)
Noms des contributeurs (Prénom, NOM, structure, email) : Emmanuel Pannier ? IRD, laboratoire PADOC (manuelpannier@yahoo.fr) Pascal Bourdeaux - École Pratique des Hautes Etudes, (pascalbourdeaux@yahoo.fr) M. Le Thanh Sang, directeur de l?Institut des Sciences Sociales du Sud ? Académie des Sciences Sociales du V
Défis du cadre stratégique : Contribuer au développement économique et social des territoires
Aires géographiques concernées : Asie du Sud Est
Terrains concernés : Projet d?utilisation des ressources en eau de Ph??c-Hòa, bassin de ??ng-Nai -
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Types de systèmes irrigués : Deux périmètres irrigués, principalement en gravitaire (Tân-Biên : 6.407 ha couvrant 5 communes et 19 hameaux ; ??c Hòa : 10.181 ha pour 11 communes et 41 hameaux) mis en eau progressivement à partir de 2014.
Contexte et problématique : 1.

Le bassin ??ng-Nai

Le projet Ph??c-Hòa, cofinancé par le Ministère de l?agriculture et du développement rural (MARD), l?AFD et la BAsD, est un ambitieux programme de gestion globale des ressources en eau (usages agricole, domestique et industrielle) dans le bassin ??ng-Nai qui combine construction d?infrastructures lourdes, accompagnement technique et institutionnel, et renforcement des capacités des acteurs dans le domaine de la gouvernance de l?eau (cf. Projet Phuoc Hoa figure n°1 : Le bassin ??ng-Nai). L?enjeu central est de promouvoir un usage raisonné et durable de la ressource afin de garantir une distribution d?eau suffisante dans les nouvelles zones irriguées créées, de satisfaire des besoins domestiques et industriels en constante augmentation et de contrôler les intrusions salines par des lâchés d?eau dans les rivières Sài-Gòn et Vàm-C?-?ông (cf. Figure n°2 : Le complexe D?u-Ti?ng ? Ph??c-Hòa)
Quelques chiffres permettent de prendre la mesure de l?enjeu central que représente la bonne gouvernance de l?eau dans le bassin ??ng-Nai, le 3ème plus grand du pays mais le premier par son poids socio-économique :
- 11 villes et provinces.
- Surface naturelle : 49.600 km2 (15% de la surface du pays).
- Population en 2015 : 19 millions (21% de la population du pays)
- Population urbaine : 52%
- Population rurale : 48%
- Rythme d?urbanisation et d?industrialisation le plus élevé du pays.
- Contribution à hauteur de 48% à l?économie nationale
Du point de vue de la maîtrise de l?eau, on peut retenir 3 caractéristiques majeures. En premier lieu, le bassin versant aval de la rivière Sài-Gòn connait des épisodes d?inondation récurrents. Pour prévenir ce risque, l?AFD a développé de 2006 à 2012 un projet d?aménagement le long de berges de la rivière Saigon et des principaux canaux reliés : digues construites dans les provinces de Bình-D??ng (rive gauche) et de Ho Chi Minh ville (rive droite) ; installation de vannes pour maîtriser le débit des eaux ; réfection de canaux d?irrigation et du réseau routier.
En second lieu, la demande en eau ne cesse d?augmenter : si la part de l?agriculture irrigué et de l?aquaculture prédomine encore largement, les besoins en eau domestique et industrielle s?accroissent de façon exponentielle.
Enfin, les procédures d?arbitrage et de répartition de la ressource entre les usages, les usagers et les unités géographiques (amont/aval) et politico-administratives restent floues et cloisonnées. Il n?existe pas de structure efficiente de concertation, de coordination des actions et de prise de décision (politique et technique) du type « agence ou commission de bassin », et ce bien que des projets internationaux aient ?uvré pour développer des modèles de Gestion Intégrée des Ressources en Eau (AFD ; Office International de l?Eau 2009 ? 2015).
2.

Projet de recherche EFEO-AFD

Financé par l?AFD et mis en ?uvre par l?antenne de l?EFEO à Hô Chi Minh Ville, le projet de recherche « Gouvernance et maîtrise des ressources en eau de Ph??c Hòa » a pour objectif d?étudier les relations entre les acteurs impliqués dans la gestion des ressources en eau dans les périmètres irrigués de ??c-Hòa (province de Long-An) et Tân-Biên (province de Tây-Ninh). Il se structure en quatre axes principaux :
a) Étude des savoirs locaux et des pratiques hydrauliques antérieurs à la création des deux grands périmètres irrigués afin d?évaluer la nature et l?envergure des transformations induites puis d?identifier les capacités d?adaptation et de résilience des usagers.
b) Définition de l?organigramme de l?ensemble des acteurs publics et privés impliqués dans la gestion de l?eau depuis l?entreprise d?État D?u Ti?ng Irrigation Management Company (niveau interprovincial) jusqu?aux usagers (niveau local). Il s?agit d?analyser : i) la nature légale et contractuelle des relations établies entre les différents acteurs chargés de la répartition et de la desserte de l?eau ; ii) les processus décisionnels qui ont présidé aux choix en matière d?investissements, d?aménagements hydro-agricoles et de gouvernance de la ressource.
c) Evolution socio-économique de la région depuis la conception du projet (2003). On note en effet des changements rapides d?affectation du foncier agricole liés notamment au développement de l?hévéaculture, à l?industrialisation et à la rurbanisation. Dans ce contexte, il s?agit d?évaluer les capacités des différents groupes d?acteurs à anticiper ces évolutions et à les intégrer dans leurs stratégies d?intervention et leurs usages de la ressource
d) Gouvernance locale de l?eau dans les périmètres irrigués de Tân-Biên et ??c Hòa : la gestion de l?eau est formellement confiée à des associations et des groupes d?usagers de l?eau (respectivement WUA et WUG) créés par le projet sur la base d?une démarche participative (PIM : Participatory Irrigation Management). S?agissant de ce principe central, véritable leitmotiv du projet, l?étude des modalités de création et de fonctionnement des structures collectives de gestion doit mettre de révéler les éventuelles distorsions entre, d?un côté, le modèle standard défini et défendu par l?État et les bailleurs de fonds internationaux et, de l?autre, les modèles empiriques et pragmatiques observés sur le terrain.
En filigrane, l?indéniable décalage entre la situation socio-économique initiale qui a déterminé la nature et les modalités d?intervention du projet Ph??c-Hòa (élaboration du cadre d?intervention en 2003) et la situation actuelle pose la question de l?adéquation entres les objectifs assignés et les attentes des différents acteurs impliqués dans un contexte de reconfiguration rapide et continuelle des demandes et des usages de l?eau (cf. Figures n°3 & 4 : Evolution de la répartition de l?eau entre les différents usages - 2003-2017).
Concrètement, afin de confronter le schéma théorique d?intervention élaboré par les concepteurs et les commanditaires du projet aux réalités empiriques de sa mise en ?uvre sur le terrain, un principe méthodologique simple, tout au moins dans sa formulation, est mobilisé pour chaque axe de recherche. Il s?agit de « décrire la norme pour mesurer les écarts » en croisant deux approches qui sont complémentaires et à même de s?éclairer mutuellement, notamment, en révélant les contradictions et les aberrations d?une interprétation qui n?aurait été fondée que sur l?une ou l?autre d?entre elles : i) l?analyse de discours ou le point de vu des acteurs (partir de l?acteur pour découvrir le système) ; ii) les modalités de recension quantitatives et descriptives pour tenter d?« objectiver » le discours. Ce second angle d?observation part de la structure du projet et de ses modalités concrètes d?intervention en les considérant comme autant de construits, nés de la rencontre entre les intérêts particuliers des acteurs et l?imposition par le projet d?un cadre normatif, canal obligé à la réalisation de leurs aspirations.
D?un point de vue opérationnel, l?objectif principal de l?étude est d?identifier et d?analyser les déterminants d?une bonne gouvernance de la ressource en eau. Concrètement, il s?agit de proposer aux pouvoirs publics et aux bailleurs de fonds internationaux des modes de gouvernance réalistes et opérationnels, compatibles avec l?actuelle organisation technique et politico-administrative et suffisamment souples pour qu?ils puissent s?adapter aux transformations socio-économiques rapides de la région.
3

Projet EFEO ? Institut des Sciences du Sud (SISS) ? Agence Universitaire de la Francophonie (AUF)

En octobre 2016, nous avons obtenu un financement complémentaire de l?AUF. Ce projet d?une durée 2 ans (2017-2018) géré par le SISS, vise à financer des actions qui ne sont pas prévues dans le projet EFEO-AFD.
Enquêtes socio-économiques
Afin d?évaluer l?impact socio-économique des 2 périmètres irrigués créés par le projet Ph??c-Hòa, il est nécessaire de disposer d?une base de référence qui permettra ultérieurement de dégager par comparaison des tendances significatives. Pour cela, nous avons sélectionnés dans chaque périmètre quatre hameaux situés dans deux communes distinctes (2 hameaux/commune) qui n?ont encore qu?un accès limité à l?eau d?irrigation afin de caractériser leur situation au temps « T ».
Dans chaque hameau, 50 chefs de foyers sont soumis à une grille d?enquête visant à caractériser et à quantifier la situation socio-économique du foyer : composition de la famille ; productions végétales, animales et systèmes agraires ; pratiques d?irrigation individuelle (pompage dans la nappe phréatique) ; activités non-agricoles ; salariat ; migration économique ; évaluation des revenus du foyer provenant des différentes activités agricoles et non agricoles de ses membres. Une seconde partie de l?enquête, plus ouverte, est consacrée au nouveau périmètre irrigué : participation au design des réseaux (tertiaires, emplacement des batardeaux de sortie sur les quaternaires) ; projection quant aux évolutions attendues des systèmes de cultures lorsque le foyer aura accès à l?eau ; participation aux organisations collectives d?usagers (WUG, WUA) et intérêts pressentis ; création et financement des canaux quaternaires ; rémunération du service de l?eau. Au total se sont donc 400 foyers qui seront enquêtés.
Afin de contextualiser ces données, une enquête est également menée auprès des autorités communales et des chefs de hameau afin de dresser un panorama d?ensemble : répartition de la population ; structure de la propriété foncière (sur la base du cadastre) ; vocation du sol et surfaces agricoles par grandes cultures ; perspectives de développement attendues après la mise en eau du périmètre irrigué ; activités non agricoles et industrielles.
La première série d?enquêtes sera conduite dans le courant de la seconde moitié du mois d?octobre par des chercheurs et des étudiants du SISS.
Volet formation
- Allocation de terrain pour 2 étudiants en master : historique du processus d?aménagement hydraulique dans les provinces de Tây-Ninh et Long-An pendant la période coloniale et depuis l?indépendance.
- Organisation d?un séminaire régional de formation aux « études de terrain en sciences sociales » du 15 au 23 décembre 2017 dont 5 jours d?enquête sur le périmètre irrigué de ??c-Hòa. Ce séminaire réunira 20 enseignants-chercheurs et doctorants (Vietnam, Laos, Cambodge) et représentera une nouvelle source de production de données.
4

Equipe de recherche

- Equipe pluridisciplinaire : géographie humaine, sociologie, anthropologie et histoire
- Deux permanents : Olivier Tessier (EFEO) et Mme Ph??ng Hùynh Linh, chercheure vietnamienne spécialiste de la gestion politique et sociale de l?eau dans le delta du Mékong.
- Une doctorante vietnamienne : thèse sur les savoirs locaux et les modalités de gestion de l?eau agricole.
- Missions de courte durée : Emmanuel Pannier (IRD) et Pascal Bourdeaux (EPHE)
- Accueil de 5 étudiants en master.
Implication des acteurs de l'irrigation : Il serait fastidieux de dresser ici une liste exhaustive de tous les acteurs impliqués dans le projet : nous avons reconstituer un organigramme (cf. Figure n°5 ? Relations entre les acteurs impliqués dans le projet Ph??c-Hòa)
Sur cette base, nous avons analysé les relations formelles, légales et informelles qui les lient les uns aux autres, sachant que ce travail d?analyse et d?interprétation est toujours en cours. Cette analyse met en évidence un certain nombre de carences en termes de communication qui nuisent au bon fonctionnement et à la qualité du projet et en ralentissent l?exécution. Ainsi, peu d?informations remontent du terrain vers les décideurs et les gestionnaires des niveaux districts et provinces, notamment parce que les échelons politico-administratifs de base, les comités populaires de communes et les chefs de hameaux, sont insuffisamment impliqués dans les interventions techniques et les actions de vulgarisation-mobilisation menées sur le territoire qu?ils administrent. De façon plus globale, au vu de la complexité et de l?opacité de l?organigramme des acteurs impliqués, nous avons demandé à un chercheur sénior du « Center of Water Management and Climate Change », M. Nguyên Hoang Quan, d?établir une radiographie de la chaine de décision qui préside à la répartition de la ressource entre les différents usages (agricoles, domestique, industriels, lâchés d?eau) depuis le barrage de Ph??c-Hòa et le réservoir de D?u-Ti?ng jusqu?au niveau des communes. Cette étude est en cours (octobre 2017 ? janvier 2018)
Au niveau local, la gestion de l?eau est formellement confiée à des associations et de groupes d?usagers de l?eau (respectivement WUG et WUA) créés par le projet sur la base d?une démarche participative (PIM : Participatory Irrigation Management). Pour susciter et encadrer la participation des futurs usagers de l?eau, le programme On-farm and Social Development Program (OSDP) a été lancé dès le départ du projet (cf. Figure n°6 - Projet Ph??c-Hòa : 2 phases OSDP). Il avait pour mission : 1. d?accompagner et de soutenir le processus d?expropriation - relocalisation (perte de logement) associé à des compensations financières (perte de terres agricoles) ; 2. de mobiliser les populations locales pour qu?elles participent activement au tracé (design) des réseaux primaires-secondaires-tertiaires de canaux (PST) ; 3. de déléguer la gestion locale des systèmes aux irrigants organisés en WUG et/ou WUA (cf. Figure n°7 ? Modèle OSDP Tân-Biên).
À partir de ce cadre théorique, nous nous sommes attachés à décrire la manière dont a été mis en ?uvre concrètement la PIM lors des 2 phases de l?OSDP dans les deux périmètres étudiés. Après avoir constaté que les observations de terrain et le discours des acteurs locaux (autorités locales et paysans) dressent un panorama bien différent du modèle normatif défini par les bailleurs de fonds et l?Etat, nous analysons les facteurs qui peuvent expliquer cette dissonance (travail toujours en cours). À ce stade de l?étude, cette forme de résilience semble résulter de la conjonction de contraintes externes imposées par le projet (dimension idéologique du concept de participation, méconnaissance de la PIM par ceux censés la mettre en ?uvre, incompatibilité entre les actions et le calendrier fixés par le projet, etc.) et des pratiques internes de gouvernance de type top-down en vigueur depuis des décennies dans les campagnes et qui sont autant d?habitus de fonctionnement assimilés par les autorités et la population qui ne peuvent être modifiés en profondeur le temps d?un projet.
Objectifs de l'action (cibles, intérêts opérationnels, etc) : Le projet de recherche dont il est question ici prendra officiellement fin le 31 mars 2018. Notre objectif est de poursuivre nos activités jusqu?au 31 décembre 2018. À cela, plusieurs raisons.
1.

Suivi de la création des réseaux de canaux quaternaires La création par les usagers de ce dernier niveau d?infrastructure est considérée par les bailleurs internationaux et le MARD comme la matérialisation concrète du processus participatif et de l?appropriation locale du système irrigué, sachant qu?en l?absence de quaternaires, seules 40 à 50% des parcelles comprises dans les deux périmètres peuvent être irriguées. Pour la réalisation de cette dernière étape cruciale, les difficultés rencontrées ne sont pas tant de nature technique que d?ordre social et financier. En effet, c?est entre les usagers dont les parcelles seront irriguées par un même canal, que doivent être négociés son tracé et son financement, à l?image des 3 premiers processus de négociation que nous avons suivis sur le terrain : si deux ont abouti à la construction d?une section de canal entièrement financée et réalisée par les usagers, le troisième a avorté faute d?accord sur le partage des coûts de construction et sur le dédommagement des propriétaires dont les terres sont cédées pour le passage du canal (cf. Figure n°8 - Exemple d?une négociation pour la construction d?un canal quaternaire). Ce sont donc autant d?arrangements singuliers qu?il y a de sorties sur les canaux tertiaires qui devront être trouvés, soit théoriquement 516 pour le seul périmètre de Tân-Biên !
La conduite de cette phase de conciliation individualisée nous semble être essentielle pour garantir la durabilité du système considéré dans son ensemble. Elle procède pour le coup d?une réelle démarche participative impliquant les paysans au sein d?un « Groupe des usagers de l?eau dépendant d?un même canal quaternaire » (WUT).
Dans ces conditions, il nous semble opportun de suivre et de documenter la diversité des formes que va prendre ce processus d?action collective pour en tirer des enseignements dont l?intérêt dépasse le seul cas des deux périmètres étudiés. Par ailleurs, ce suivi coïncidera avec la mission de la Société du Canal de Provence (SCP) qui doit faciliter la construction des réseaux de canaux quaternaires, acteur avec qui nous échangeons régulièrement nos données et nos analyses.
2.

Suivi de l?évolution des modèles post-OSDP : une logique de gestionnaire

L?IMC-Tây-Ninh (Compagnie de gestion et d?exploitation des ouvrages hydraulique de la province) et sa ramification l?IMT-Tân-Biên (Équipe de gestion et d?exploitation du canal Tân-Biên) ainsi que le CMEI de ??c Hòa (Centre de gestion et d?exploitation des ouvrages hydrauliques de ??c Hòa) occuperont logiquement une place centrale et stratégique dans le dispositif puisque, quel que soi(en)t le(s) modèles de gestion locale de l?eau adopté(s) dans chacune des deux provinces, ce sont elles qui, dans la pratique, distribueront l?eau et en réguleront le débit entre les canaux principaux, primaires et secondaires. Pour ces compagnies hydrauliques, l?efficacité logistique et technique est le principal critère d?évaluation, si ce n?est le seul, de leur légitimité dans un contexte contraignant où elles doivent trouver un modèle économique leur permettant d?atteindre l?équilibre financier en combinant les subventions de l?État et le paiement des redevances par les usagers, pour assurer l?entretien des parties du réseau qu?elles exploitent et pour financer leur personnel. Sous l?angle de la gestion locale de l?eau, leur préoccupation majeure est de déterminer avec qui (personne physique ou morale) elles signeront le contrat de desserte en eau et le montant de la rémunération du ou de(s) gestionnaire(s).
À Tân-Biên, sous couvert des WUA, le fonctionnement « top-down » repose sur des aiguadiers contractuels, chacun d?eux étant responsable de la desserte en eau sur une portion de canal secondaire et/ou des canaux tertiaires (cf. Figure n°9 ? Modèle IMC province de Tây Ninh). Ce qui se passe en-dessous de ce niveau de base engageant la responsabilité l?IMC, n?est pas de son ressort : elle se décharge du rôle d?arbitre en cas d?éventuel conflit entre les usagers. Si la situation semble plus floue à ??c-Hòa au vu du nombre pléthorique des responsables de WUG qu?il faudrait rémunérer, la question est également déjà réglée dans la pratique où le système mis en place depuis de nombreuses années est similaire à celui de la province Tây-Ninh.
Là encore, il nous semble nécessaire de suivre l?évolution des modèles de gestion mise en place par l?OSDP afin de confirmer, comme nous le pressentons, que les organisations collectives basées sur la participation active des usagers (WUA et WUG) vont être délaissées au profit d?un fonctionnement « top-down » qui est jugé simple et efficient dans les périmètres irrigués mitoyens de ceux créés par le projet Ph??c Hòa et qui fonctionnent depuis plusieurs dizaines d?années. (cf. Figure n°10 : Comparaison des modèles OSDP et IMC Tây-Ninh)
3.

Colloque

L?objectif est l?organisation en décembre 2018 à Hô Chi Minh ville d?une rencontre internationale (atelier d?échange d?expériences et de propositions) qui clôturera le projet de recherche.
Nous présenterons à cette occasion une synthèse des résultats de recherche obtenus après trois ans d?étude sur le terrain. Cette restitution s?appuiera sur la projection d?un documentaire consacré à la gouvernance de l?eau dans le cadre du projet Ph??c-Hòa, documentaire qui est en cours de montage. Au-delà du seul cas du projet Ph??c-Hòa, notre volonté est d?inviter des chercheurs et acteurs impliqués dans des projets d?aménagement hydro-agricole comparables en termes d?approche participative multiscalaire et menés par l?AFD et/ou l?BAsD, afin qu?ils présentent leurs propres résultats de recherche et leurs expériences de praticiens du développement et de décideurs. L?objet n?est donc pas tant d?organiser une « grand-messe » mais d?animer une plateforme de rencontre et d?échange critique entre des acteurs provenant de la région Sud-est asiatique continentale (Cambodge, Laos, Birmanie).
Il s?agira, notamment, de questionner d?un point de vue théorique et empirique, les concepts de participation paysanne (PIM) et de « bonne gouvernance » de l?eau aux différents niveaux impliqués dans les projets d?aménagement hydro-agricole (communes, districts, provinces et bassin versant). Concrètement, est-ce que la diversité du statut des acteurs impliqués (public/privé ; structures techniques ; décideurs ; développeurs ; etc.), la variabilité de leurs perceptions et de leurs attentes vis-à-vis des aménagements hydro-agricoles tout comme la singularité de leurs stratégies propres, qu?elles soient de nature politique, économique et/ou sociale, ne rendent pas illusoire la volonté d?instaurer à court ou moyen terme des modes de fonctionnement raisonnés, efficients et durables des périmètres irrigués fondé sur la participation volontaire des usagers ? Est-ce que la gestion collective du service de l?eau répond à une nécessité technique et opérationnelle (appropriation des réseaux, responsabilisation des usagers) ou n?est-elle pas avant tout motivée par des considérations idéologiques (gestion démocratique ; émergence de la société civile) ?

Contenus, moyens et calendrier à mettre en place : S?il est encore trop tôt pour arrêter une liste des institutions et des individus susceptibles de participer à ce colloque, l?enjeu sera de constituer une plateforme regroupant des chercheurs, des décideurs, des gestionnaires et des représentant des bailleurs de fonds intervenant dans des projets d?aménagement de périmètres irrigués dans la région. Pour la partie vietnamienne, on peut d?ores et déjà avancer :
- Recherche : l?Institut des Sciences Sociales du Sud, le Centre Asiatique de recherche sur l?Eau (CARE-Rescif : collaboration IRD et Université Polytechnique de Hô Chi Minh)
- Planification : l?Institut de planification hydraulique du Sud (SIWRP) ; la Vietnam Academy of Water Ressources (VAWR) et sa branche le « Centre de gestion participative de l?irrigation ».
- Bailleurs de fonds et consultance : l?AFD, la BAsd, l?Entreprise de Conseil en Construction hydraulique (HEC II) ; la Société du Canal de Provence.
S?agissant du Vietnam, il serait également très intéressant de profiter des expériences et enseignements tirés de différents projets cofinancés par l?AFD et la BAsD : réhabilitation du casier de Bac Hung Hai ; développement des infrastructures hydrauliques dans la province de Son La ; développement des infrastructures hydrauliques dans la province Ninh Thuan.
La volonté d?ouverture à d?autres pays de la région pourrait se concrétiser par la participation de responsables de projets achevés (Cambodge: Water Resources Management Sector Project - AFD-BAsD) ou en cours de réalisation (Cambodge : Amélioration des rendements agricoles dans les zones rurales - AFD-BAsD ; Birmanie : Irrigated Agriculture Inclusive Development Project - ADB-AFD- Global Environment Facility )
Livrables : - Actes du colloque : 2 versions (une publication scientifique classique + synthèse résumée)
- Un recueil de propositions et de recommandations sur la PIM
Budget détaillé :
  • Pour le financement des activités de l?année 2018, nous disposons de la troisième et dernière tranche de la subvention de l?AFD (17.500 ?, versement prévu le 31 mars) ainsi que de deux lignes budgétaire du financement de l?AUF fléchées pour l?organisation du colloque final (2000 ?) et la publication (3000 ?).

Dépenses prévisionnelles année 2018

Salaire de Mme Ph??ng Hùynh Linh (8 mois x 1000?) 8.000 ?
Missions de terrain 5.000 ?
Consultance de M. Nguyên Hoang Quan (4 mois x 600 ?) 2.400 ?
Organisation du colloque de décembre 2018 10.000 ?
Publications finales 5.000 ?
Total dépenses prévisionnelles 30.400 ?
Ressources disponibles (AFD + AFD) 22.500 ?
Ressources à identifier 7.900 ?
* Toutes les dépenses de fonctionnement (matériel de bureau, location des locaux et charges, salaire d?Olivier Tessier), sont prises en charge par l?EFEO.
Afin de mener à bien l?ensemble de activités planifiées pour l?année 2018, il nous reste donc à identifier 7.900?, somme qui correspond au coût total de la tenue du colloque prévu en décembre 2018 après soustraction du cofinancement de l?AUF.